
simply · 9 avril 2007 à 22:12
L'alternance éducative
Le problème: Vous ou votre conjoint(e) ne vous entendez pas sur la manière d'éduquer Junior. Lorsqu'il ne veut pas manger sa soupe, Papa opte pour une solution radicale et l'envoie directement au lit sans dîner ni dessert. Maman, plus souple, le laisse passer directement à la case jambon-purée tout en lui rappelant au passage que les légumes, c'est bon pour la santé. Vous finissez par vous disputer âprement pendant que votre enfant regarde refroidir sa soupe.
La solution d'Anne-Catherine Pernot-Masson: Chaque parent est le "chef" des enfants pendant une période donnée, en principe une ou deux semaines. Il prendra toutes les décisions les concernant. Autrement dit, pendant sept jours, Junior ira au lit sans manger s'il ne termine pas son potage et les sept suivants, il passera au plat principal sans avoir besoin de finir ses légumes. A vous ensuite de déterminer, à tête reposée, quelle est la meilleure solution. Attention, cela ne signifie pas que le parent qui détient l'autorité "de la semaine" assume seul toutes les tâches relatives aux enfants.
Avantages: Agir ainsi permet à chaque parent d'expérimenter sa façon de faire et peut-être de convaincre l'autre parent du bien-fondé de sa vision éducative pour une situation précise. Cette alternance vous permet aussi de décompresser périodiquement. De plus, Junior ne peut plus opposer ses deux parents lors d'une de ses demandes car, selon cette règle, un seul des deux parents est "maître" de la décision.
Limites: Les divergences éducatives que vous rencontrez avec votre conjoint ne doivent pas être trop profondes, sinon cette solution est invivable et inefficace.
L'équité… pas l'égalité
Le problème: Vous vous évertuez à traiter vos deux enfants de la même manière. Si, lors d'une virée shopping, vous dénichez un cadeau pour votre fiston, vous achetez aussi un présent à votre aînée de peur qu'elle ne soit jalouse si vous ne lui ramenez rien. Pareil lorsque vous trouvez un nouveau maillot de bain pour mademoiselle, vous en rapportez aussi un à son frère.
La solution d'Anne-Catherine Pernot-Masson: Amenez vos enfants à comprendre que vous agissez de manière équitable envers eux sur le long terme. Ainsi vous ne ramènerez pas systématiquement un cadeau pour Junior, lorsque vous en achetez un pour Juniorette.
Avantages: Si ce message est plus ou moins difficile à faire comprendre à vos rejetons en fonction de leur âge, ce sens d'une certaine "justice" leur servira dans de nombreux autres domaines (école, travail, relations amicales, etc.).
Limites: En traitant vos deux enfants de la même manière, vous gommez leurs différences. En réponse, ils chercheront alors par tous les moyens à se différencier l'un de l'autre.
L'autorité préventive
Le problème: Vous faire obéir par votre enfant est mission impossible. Il transgresse régulièrement vos ordres. Ainsi, chez vous, le repas est servi à 19 h, mais votre gosse se pointe systématiquement à 19 h 30. Ou alors il s'amuse à sauter sur le canapé, ce qui est formellement interdit dans votre maison. Résultat, vous passez une grande partie de votre temps à le punir. Le pire, c'est que ces punitions répétitives sont inefficaces car le problème à la base demeure.
La solution d'Anne-Catherine Pernot-Masson: L'autorité n'est pas d'appliquer des sanctions, c'est plutôt de trouver une manière de faire respecter des règles. Pour la pédopsychiatre, démontrer votre autorité en punissant votre enfant n'est pas la bonne solution. Au lieu de crier, de l'envoyer dans sa chambre ou de lui confisquer son jouet favori parce que votre petit monstre n'est pas fichu d'arriver à table à l'heure ou de se tenir tranquille, tâchez plutôt de lui faire comprendre que son attitude est un manque de respect ou, dans le cas du canapé, carrément dangereuse.
Avantages: Les enfants se sentent rassurés par un cadre familial ferme imposé par leurs parents, et cela même s'ils rouspètent contre ces règles. La famille devient un lieu dans lequel ils ressentent une certaine sécurité.
Limites: Pour faire appliquer son autorité, il faut d'abord prendre conscience des sentiments, positifs ou négatifs, qui peuvent freiner le parent. C'est pourquoi il est souvent plus facile d'imposer à son gosse des règles extérieures comme s'arrêter à un feu rouge, etc., car elles sont dénuées d'émotions.