
soumi16 · 4 novembre 2010 à 10:33
Pourquoi Domenech va gagner aux prud'hommes
Arnaud Ramsay et Maxime Mianat 04/11/10 à 09h25
Raymond Domenech a saisi le conseil de prud'hommes : il réclame 2,9 millions d'euros, contestant son licenciement par la FFF pour faute grave.
L'ancien sélectionneur de l'équipe de France, Raymond Domenech L'ancien sélectionneur de l'équipe de France, Raymond Domenech © SIPA Le bureau du conseil fédéral de la FFF qui se réunit aujourd'hui (jeudi) à 15 heures promet d'être animé. Alors que Fernand Duchaussoy, le président par intérim de l'institution, pensait souffler après les trois succès d'affilée des hommes de Laurent Blanc et la bonne tenue des états généraux réclamés par le président de la République, voici que Raymond Domenech passe à l'offensive. Invisible depuis son licenciement pour faute grave, le 3 septembre, hormis une apparition au pôle emploi, l'ex-sélectionneur de l'équipe de France a décidé, sans surprise, de contester cette procédure devant le tribunal de prud'hommes, qui règle les conflits du travail.
Le si controversé personnage n'ayant pas eu le panache de démissionner ni d'assumer après le naufrage du Mondial en Afrique du Sud, il réclame désormais son dû. Et, selon toute probabilité, il devrait obtenir gain de cause. C'est du moins le sentiment du trio d'avocats parisiens sollicité par France-Soir pour non pas refaire le match mais simuler la future audience (lire ci-dessous). Domenech, 59 ans, bénéficiait de deux contrats. Son CDD de sélectionneur n'a pas été renouvelé, la Fédération choisissant Laurent Blanc pour lui succéder avant même le début de la compétition. Il jouissait aussi, depuis dix-sept ans, d'un CDI au sein de la Direction technique nationale qui, selon son avocat, a été rompu abusivement.
« Un montant extravagant » selon Duchaussoy
Voilà pourquoi Me Jean-Yves Connesson conteste la réalité de la faute commise et sa qualification. Si les griefs de la Fédération – ne pas avoir serré la main du sélectionneur de l'Afrique du Sud, ne pas avoir averti celui qui était alors président de la FFF des insultes de Nicolas Anelka et avoir lu le communiqué des joueurs grévistes à Knysna – sont requalifiés en fautes « réelles et sérieuses », il obtiendra son préavis et les indemnités de licenciement légales. Et si les prud'hommes jugent abusif ce licenciement, ils imposeront à la Fédération de verser des dommages et intérêts.
Il réclame pour son client 2,9 millions d'euros, équivalant selon lui à ses indemnités de licenciement et à une réparation du préjudice professionnel et moral, évalué à trois ans de salaire. Une lettre de saisine a été envoyée aux prud'hommes de Paris. Une audience de conciliation doit se tenir dans les quatre mois. Si selon toute logique elle n'aboutit pas, il y aura un jugement, mais pas avant fin 2011. Fernand Duchaussoy ne compte toujours pas transiger ni négocier. Mercredi, il a pris acte de la décision de Domenech, précisant que « le montant de ses prétentions en matière d'indemnisation est extravagant et constitue une provocation de plus ».
« Mon salaire correspond au SMIC des sélectionneurs »
Poil à gratter jusqu'au bout, l'intéressé continue donc, ce qui ne doit pas lui déplaire, de semer la zizanie dans le football français. Il est prêt à l'épreuve de force, lui qui lors de son audition devant la commission des affaires culturelles de l'Assemblée s'était défini comme « un smicard ». « Je n'accepte pas d'être traîné dans la boue du fait de mes revenus. Mon salaire correspond au SMIC des sélectionneurs dans le monde. Personne n'a le droit de m'agresser sur ce point », avait-il dit, oubliant d'ajouter à son salaire annuel de 560.000 € les 862.000 € de primes reçues pour avoir, hélas ! qualifié les Bleus pour le Mondial. Le feuilleton pourrait néanmoins connaître un nouveau rebondissement dans l'hypothèse d'une transaction à l'amiable. Elle aurait le mérite d'éviter le grand déballage.
On a fait le procès…
France-Soir a simulé le conseil de prud'hommes qui pourrait dans les prochains mois statuer sur le litige opposant Raymond Domenech à la Fédération française de football.
Raymond Domenech ayant choisi de contester son licenciement pour faute grave devant le conseil de prud'hommes, nous avons imaginé son procès en nous entourant d'avocats spécialisés dans le droit des sociétés : Johanne Mauchand, qui a défendu pour les besoins de l'exercice les intérêts de l'ancien sélectionneur, Yvon Roux, qui s'est chargé de ceux de la Fédération. Quant à moi, j'ai endossé le costume de président de séance… et parfois d'avocat du diable.