Je suis pas du tout quelqu’un de matérialiste, j’aime les choses simples dans tous les domaines, je n’aime pas la sophistication etc. Pour moi l’important c’est d’avoir l’essentiel pour vivre : une maison propre à taille humaine, des choses simples à manger… etc. En même temps je suis quelqu’un de croyant et je pense qu’il est impossible d’être sincèrement religieux et matérialiste tout simplement parce que le matériel est le contraire du spirituel. J’essaie de voir l’essence derrière les choses en me disant qu’on ne désire pas quelque chose parce que cette chose est bonne, c’est parce qu’on désire une chose qu’elle est "bonne" : autrement dit, tout est une question de regard. Quand je veux quelque chose je me demande pourquoi, quels sont vraiment mes besoins, de quelle manière je pourrais m’en passer etc. Pour moi j’aime la simplicité, l’opulence m’étouffe mais je pense que le vrai luxe est dans la qualité et non la quantité. Par exemple si j’ai besoin d’un châle, je vais mettre longtemps à le chercher à en trouver un beau bien qui me plaise qui soit de qualité, je vais construire un rapport affectif avec l’objet. Je ne pourrais pas acheter plein de châles quelconques. Je privilégie toujours mon goût, mon sentiment par rapport à un objet, une maison ou autre ; que vais-je construire dans tout ça, comment faire vivre telle ou telle chose?
Petite mes parents m’ont toujours fait sentir la valeur des choses et je ne les remercierai jamais assez. La moindre petite chose qu’ils m’offraient c’était comme une trésor même si à proprement parler ça n’avait aucune valeur pécuniaire : tout cela parce que je créais un rapport affectif avec la chose en l’investissant de souvenirs, de projections… J’avais aussi du coup une conscience aïgue de ce que c’était que de patienter pour obtenir quelquechose, ce que c’était qu’économiser ses biens : j’avais par exemple un stylo violet, je trouvais l’encre jolie et pour moi c’était un stylo exceptionnel alors que dans les faits il ne coutait pas très cher. Je faisais attention à ce que j’écrivais avec, je ne le gaspillais pas, je l’ai investi d’une valeur - toute personnelle - qu’il n’avait pas initialement.
Dans la vie je crois fondamentalement en ça. Les choses n’ont pas de valeur en elles-mêmes, elles ont la valeur qu’on leur confère : parce qu’on en a besoin, parce qu’elles signifient quelque chose, parce qu’elles rappellent un souvenir… Pour moi l’argent est un moyen et non une fin : le but est d’avoir une vie à sa mesure, une vie simple et saine. Tout est une question d’équilibre, voir trop grand c’est un déséquilibre au même titre que d’être dans l’indigence. Ce n’est pas bon pour l’être, pour la spiritualité etc. parce que le dénuement est bien plus nourrissant pour le coeur que l’opulence. Aujourd’hui je suis contente d’avoir eu des barrières quand j’étais petite, des "non", des "plus tard", des "quand tu seras sage" ou "quand tu l’auras mérité" ça m’a donné le goût de l’effort, la pugnacité et la patience. Ca m’a aussi donné la capacité de chérir chaque chose même si elle est simple. Ca m’a aussi permis de me rendre compte que beaucoup de choses sont superflues : parfois j’attends ou je travaille pour obtenir un truc, et une fois que je l’ai je me rends compte que ce truc ne valait pas l’effort fourni.
Il est dit que la sagesse des hommes est folie devant Dieu et que la sagesse de Dieu et folie pour les hommes. Je pense que ça marche avec la richesse : la richesse matérielle du monde est pauvreté devant Dieu comme la pauvreté matérielle est richesse devant Dieu. Comme il y a de noblesse que la noblesse du coeur, je me dis que la vraie richesse est dans le regard. J’aime les belles choses dans la mesure où elles sont simples, vraies et à ma mesure. Je vois le superflu comme invasif. J’aime m’entourer de choses de qualité, par conséquent je possède peu.
Désolée pour la tartine, j’étais inspirée!