
Fifialger · 22 février 2011 à 20:16
Alors que les manifestations, violemment réprimées par le régime, continuent en Libye, Mouammar Kadhafi s'est exprimé pour la première fois en direct sur la télévision d'Etat, mardi 22 février. Il a menacé les manifestants armés de la peine de mort et appelé ses partisans à descendre dans la rue.
Dans son discours, le dirigeant libyen a rejeté d'emblée les appels à son départ du pouvoir, clamant : "Mouammar Kadhafi n'a pas de poste officiel pour qu'il en démissionne. Mouammar Kadhafi est le chef de la révolution, synonyme de sacrifices jusqu'à la fin des jours." Il a longuement parlé de la situation à Benghazi, épicentre de la révolte, y revenant à plusieurs reprises, opposant les habitants de cette ville au reste des Libyens, dans un ton très proche d'un appel à la guerre civile.
"On aurait pu utiliser des chars et des avions. On va commencer ce travail cette nuit", a-t-il indiqué, sans que l'on sache ce qu'il entendait par là. Des témoignages ont déjà fait état de bombardements sur plusieurs villes libyennes en début de semaine. Imperturbable, Mouammar Kadhafi a promis de mater la révolte même si cela nécessite de "purger la Libye maison par maison".
Le dirigeant, au pouvoir depuis 1969, a appelé l'armée et la police, mais aussi ses partisans, à reprendre la situation en mains pour "rétablir l'ordre". Il a martelé la nécessité de se tourner vers les comités populaires, établis lors de son arrivée au pouvoir : "En Libye, on ne manifeste pas dans les rues, on va aux comités populaires."
Les violences meurtrières, d'abord concentrées à Benghazi, deuxième ville du pays, située à 1 000 km à l'est de Tripoli, ont touché la capitale dimanche soir. La répression à Tripoli aurait fait au moins 62 morts depuis dimanche, selon Human Rights Watch (HRW), qui précise s'appuyer sur des informations émanant de deux hôpitaux. Lundi matin, l'organisation avait fait état d'un bilan de 233 morts depuis le début du mouvement de contestation, le 15 février, sans faire état de morts à Tripoli.
Dans les heures précédant l'intervention du dirigeant libyen, les réactions internationales se sont multipliées pour condamner la violence à l'égard des manifestants. La haute commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a exigé l'ouverture d'une "enquête internationale indépendante" sur les violences, évoquant de possibles "crimes contre l'humanité".
De leur côté, des diplomates libyens se sont élevés contre le régime au pouvoir dans leur pays, encourageant l'armée libyenne à renverser le "tyran" Kadhafi, qu'ils accusent de "génocide" contre son peuple.
Plusieurs pays étrangers, dont la France, le Royaume-Uni ou encore l'Allemagne, ont annoncé qu'ils rapatriaient leurs ressortissants. Paris a ainsi décidé d'envoyer trois avions militaires à Tripoli.
Les ressortissants des pays voisins, eux, se pressent aux frontières : plusieurs milliers de Tunisiens ont fui la Libye ces dernières heures, la plupart par la frontière ouest. La Tunisie compte au total trente mille ressortissants en Libye. A l'autre bout du pays, des centaines d'Egyptiens – ils sont environ un million et demi d'expatriés –, entassés sur des tracteurs et des camions, ont afflué au point de passage de Saloum.
Source : Lemonde.fr