
meriem · 19 octobre 2007 à 13:12
film mel watni de fatima belhadj
Le film de Fatima Belhadj est à l'affiche à la salle El Mouggar " Mel Watni, quand le quotidien d'une famille raconte la tragédie algérienne "
La salle El Mouggar a accueilli, samedi soir, la projection de Mel Watni, le premier long métrage de Fatima Belhadj, en présence de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, de membres du corps diplomatique accrédité à Alger, de cinéastes, d'hommes de l'art et du spectacle.
D'une durée de 1h40, le long métrage, produit par la société Louna vision, évoque la tragédie qui a marqué l'Algérie durant les années 1990 à travers le prisme d'une famille modeste composée essentiellement de femmes.
Les spectateurs sont conviés à suivre la longue descente aux enfers de la famille El Batoul, une veuve qui vit avec ces cinq filles, son fils unique attardé mental Tamani et une vieille personne sans ressources qui a été recueillie par cette famille.
Il est à saluer le talent de Chafia Boudraa qui campe le rôle de la mère aux côtés, entre autres, des comédiennes Amel Himeur, Saliha Kerbache et Nidhal.
Afin de subvenir aux besoins de la famille, la veuve vend au marché des pâtes traditionnelles (couscous, rechta, trida…) préparées par ses propres filles qui attendent vainement leur «mektoub», le prince charmant qui les libérera d'un quotidien insipide.
A travers le huis clos de ces femmes, le film dresse un terrible tableau de la violence à tous les niveaux, une violence qui ensanglante le pays mais aussi une autre, terrible, intestine, celle de «l'enfermement physique, social, sexuel, symbolique. L'univers est simplement carcéral» tel qu'il est écrit dans le synopsis du film.
Le contexte tragique des années quatre-vingt-dix, apparaît d'abord par petites touches : des sirènes d'ambulances ou de voitures de police, des cris qui résonnent à travers les murs, le récit du rescapé d'un attentat.
Puis l'actualité va pénétrer au cœur de la demeure familiale lorsque El Batoul recueillera une jeune fille séquestrée, puis relâchée par les terroristes. Cette générosité, la famille d'El Batoul va la payer très chèrement. Le spectateur, qui partageait les joies, les colères, les peines et les préoccupations de ces femmes enfermées dans leur quotidien sans perspectives, est brusquement plongé au cœur de la tragédie avec des images d'une violence inouïe. Malgré le destin horrible de cette famille, une petite lueur d'espoir demeure car la plus jeunes des sœurs, qui est étudiante, avait pris son destin en main en fuguant avec son amoureux et a pu ainsi échapper au sort cruel qui a frappé sa famille.
A travers la réalisation de ce premier long métrage, Fatima Belhadj avait pour ambition de mettre sur grand écran les raisons profondes qui ont mené toute une nation à la tragédie et tout un peuple à vivre des années sanglantes. Lors de l'avant-première qui s'est déroulée au mois de septembre dernier, la réalisatrice avait expliqué que «Mel Watni, le titre de mon film, renvoie à cette tragédie nationale qu'on a vécue, cette violence extrême qu'on a tous subie». «Je voudrais dire que quelque part nous avons une grande part de responsabilité, on est tous responsables. On est appelé à revoir nos comportements, notre façon de voir les choses, d'aimer les autres et de les accepter tels quels. C'est comme ça qu'on pourra arrêter ce qu'on est en train d'endurer. Ce n'est surtout pas des décisions politiques qui vont l'arrêter», ajoutera la cinéaste.
Sihem Bounabi 19/11/2007