[color=#000080] Comment j'ai porté le voile
Par La redaction Le 20 novembre 2009 ·
hijab and the city femmeParce que le voile intrigue, étonne ou choque, Hijab and the city a donné la parole à quatre jeunes femmes qui le portent, veulent le porter ou l'ont porté. Toutes n'ont pas les mêmes motivations, et toutes ont souhaité partager leur histoire afin d'offrir leur vision. A travers ces témoignages, ce sont les voix de ces femmes que nous souhaitons mettre en avant, car au-delà du voile qui leur couvre les cheveux, au-delà de leurs convictions, ces jeunes filles sont avant tout des personnes animées par la volonté de réussir. Ce qu'elles veulent par dessus tout, c'est de mettre fin à l'incompréhension et au dédain que l'on témoigne bien souvent à leur égard. Et c'est aussi, et surtout, les prendre pour ce qu'elles sont : des jeunes femmes ordinaires et non des voiles sur pattes. Nous vous proposons de découvrir chaque semaine le témoignage d'une de ces jeunes femmes. Elles parlent d'elles, c'est sur Hijab and the city, et c'est exclusif.
Cette semaine, Linda, une jeune universitaire, nous raconte comment l'idée de porter le voile lui est venue, et combien elle a redouté la réaction de ses parents qui étaient contre sa décision.
[color=#000080] Peux tu te présenter aux lectrices.
J'ai intégré la fac cette année. Je ne sais pas exactement si les cours de philo m'ont poussée à réfléchir un peu plus que d'habitude, ou si les évènements ont fait que je me mette à avancer dans la religion, mais ça fait presque exactement 10 mois que l'idée de porter le voile me trottait dans la tête.
[color=#000080] Quel à été ton cheminement ?
J'ai lu le Coran et je suis allée à la mosquée très souvent, j'ai rencontré des filles voilées très bien. Mais j'ai passé l'année à me dire « arrête, t'oseras jamais dire à tes parents que tu veux porter le hijab! Impossible! » Et donc, j'ai fait des invocations en demandant à Dieu de me rendre forte. J'ai continué mes prières sans relâche, je continuais à aller à la mosquée, à apprendre plein de choses via divers sites dont Hijab and the city.
[color=#000080] Comment as-tu abordé la question avec tes parents ?
Et puis un soir, après avoir regardé un film avec ma mère, j'ai allumé l'ordinateur et je lui ai écrit un mail. Je lui ai tout dit à propos de mon intention de porter le hijab, en précisant bien que c'était un choix personnel qui n'avait rien à voir avec personne. Ma mère ne le met pas, et a donc eu très mal en lisant le mail. Elle m'a répondu en disant qu'on allait en parler avec mon père, de vive voix.
Le soir même, j'en ai donc discuté avec mes parents. Ça a été très difficile, puisque je pensais qu'ils allaient m'encourager, au moins un peu, mais au contraire, ils ont trouvé des arguments pour m'en dissuader. Mais au moins le premier pas était fait.
[color=#000080] Et vous n'en avez plus reparlé depuis ?
Si, la fin de l'année de terminale approchait, et vu que je voulais le mettre directement après la fin des cours, il fallait que je remette à jour le sujet. Les jours passaient, et j'avais beau m'y forcer c'était trop dur; j'ai donc fait une prière et à la fin, j'ai donné ma parole à Dieu que j'en parlerai le soir, vous trouverez ça sûrement bizarre ou ridicule. Ainsi, impossible de trahir un engagement que j'ai fait avec lui! Et donc, j'en ai reparlé, ça s'est de nouveau mal passé.
Malgré tout, plus tard dans la soirée, je suis revenue parler à mes parents, et ça s'est plutôt bien passé, enfin, mieux du moins.
[color=#000080] Quand l'as tu porté finalement et comment a réagi ton entourage ?
Je le porte depuis le 26 juin dernier. Le pire a été de sortir de ma chambre voilée devant mes parents. J'ai dû rester au moins 10 minutes la main sur la poignée, et puis j'ai récité le verset du Trône, et je suis sortie. Ma mère et mon père n'ont rien dit, et je suis sortie de l'immeuble. Là, j'ai eu envie de pleurer donc j'ai appelé une amie, et je marchais en l'écoutant. En raccrochant, j'ai de nouveau récité le verset du Trône dans ma tête, et ça m'a totalement apaisée. Je suis allée à la Fnac, et j'ai eu beau tendre l'oreille, je n'ai pas entendu de remarques méchantes. Rien de spécial ne s'est passé en fait. Le lendemain, je suis allée à la mosquée avec, et de nouveau rien de spécial. Vraiment, rien n'a changé par rapport aux autres!!!
Le dimanche par contre, je suis sortie pour la première fois avec ma mère faire du shopping, et même si c'était délicat au début, ça s'est très bien passé. Les vendeuses étaient comme d'habitude gentilles, une femme que je connais m'a prise dans ses bras.
J'ai vécu plein de choses merveilleuses. L'amie dont je redoutais la réaction m'a dit que je resterai toujours la même, et le must, c'était les sourires des femmes voilées. Ou encore celles qui m'ont dit « salam ‘aleikoum ». Vu que ma mère est convertie, et que mon père est d'origine kabyle, je ne ressemble physiquement pas du tout à ce qu'on pourrait imaginer d'une musulmane. Et ces femmes qui me reconnaissaient en tant que musulmane, ça m'a vraiment touchée.
[color=#000080] Et qu'en est-il de ton avenir professionnel ?
Je n'ai pas peur pour mon avenir. Dieu offre ce qu'il veut à qui il veut, j'ai confiance en lui. Si mon destin est d'avoir tel ou tel emploi, je l'aurai, sinon tant pis! Vu combien il m'a aidée pour mon bac, je lui dois bien ça. En fait je me répète que j'ai eu deux yeux, deux oreilles, une bouche, de bonnes jambes, et tout ça gratuitement. On reçoit beaucoup, sans oser donner.
[color=#000080] Un dernier mot ?
Pour finir, je voudrais adresser un message à celles qui hésitent: tournez-vous vers la communauté. Honnêtement, plus vous verrez de femmes voilées, plus vous vous sentirez sereine. Si vous sentez qu'il vous manque un peu de force, demandez-la à Dieu. Si vous avez peur des réactions, pensez à lui, sans arrêt encore et encore. Ne vous isolez surtout pas, écoutez des chants religieux : Allah knows de Zain Bikha par exemple, pfiouuu elle m'a beaucoup réconfortée, regardez des photos de musulmans à travers la planète, vous verrez que vous n'êtes pas seules! L'univers est immense, on est une toute petite fourmi, et donc quoi qu'on fasse ça n'aura pas de répercussion sur la planète! Les gens que vous rencontrerez dans la rue vous auront oublié le lendemain! Dans 150 ans, personne ne se souviendra de vous, sors de ce corps Raphaël ! Profitez de votre vie ici-bas pour faire les actes que vous savez être gratifiés par Dieu.