Le Full Moon conté par Chafik Gasmi
Comment ce lustre est-il né ?
Ce lustre est presque un hasard… Le fondateur du Corinthia , Alfred Pisani qui a la volonté de développer son groupe dans les grandes villes européennes, cherchait des emplacements. Nous nous sommes rencontrés car il était Intéressé par l'Hôtel du Louvre, qui fait partie du groupe Starwood à qui appartient Baccarat.En tant que directeur artistique de Baccarat, je travaillais au développement de la partie enseigne hôtellière et j'ai imaginé le premier concept hôtellier Baccarat qui était prévu pour l'Hôtel du Louvre. Monsieur Pisani a été emballé par le projet et m'a sollicité pour venir au Corinthia Londres pour que je lui donne mon avis et que j'intervienne. Du jour au lendemain je me suis retrouvé là-bas et j'ai
rencontré les architectes. Je pouvais choisir ce que je voulais faire avec eux mais c'était difficile vu l'avancement du projet, il ne fallait pas que je gêne les projets en cours. Le lustre s'est imposé d'autant plus qu'ils avaient une envie de luminaire emblématique : mon objectif était que le lustre devienne le coeur de cet hôtel. J'ai demandé à ce que l'on redessine le lobby : il y avait un puits de lumière, sorte de dôme contemporain, qui manquait de solennité. Nous avons construit une coupole puis j'ai imaginé un lustre qui venait s'intégrer sous la coupole, une lune.
Parlez-nous de sa réalisation.
D'un côté nous avons travaillé avec Baccarat pour produire la partie cristal dans des délais très courts, puis avec les architectes pour que la configuration de l'espace puisse accueillir cet objet. Pour faire fondre la structure du luxe, afin qu'on la voit le moins possible, j'ai émis des recommandations sur la structure du dôme pour qu'il épouse le lustre. Cette installation a également un bel impact sur le jardin : le lustre rayonne sur l'intérieur et l'extérieur qu'il irradie. Certes, la coupole disparaît au profit du lustre mais elle est fondamentale à sa mise en scène.
Une lune qui veille sur les nuits. J'aimais l'idée d'avoir la pleine lune en permanence.
Ce lustre est une première…
Oui ce projet est très innovant car il est composé de LED à basse tension : mon objectif était de mettre la lumière au coeur du cristal sans jamais que les spectateurs en devinent la structure. C'est l'effet magique de la Lune. On a l'impression qu'elle vole, qu'elle flotte alors qu'elle pèse plus de deux tonnes ! Ce lustre n'est fait que de lumière : tout est source et tout est réflecteur. Il y a une harmonie et une homogéniété.
Comment avez-vous travaillé avec Baccarat?
Je les connais bien, donc c'était très facile de travailler avec eux malgré des délais très courts. Il y a 1000 bulles de cristal plus une rouge, hommage à Baccarat, au coeur de ce dispositif. Le cristal rouge s'obtient avec de l'or, c'est magique. Le travail de diffraction du cristal est merveilleux et a nécessité énormément d'essais. Un tamis de cailloux, comme des éclats de cristal ou de lune, vole juste en dessous du lustre.
Baccarat fait beaucoup de commandes spéciales. Dans ce cas-là j'ai pu intervenir sur le process pour l'accélérer, et conçu toute la partie ingénierie. J'ai pris en charge le développement du projet et Baccarat en était le garant de la qualité et producteur de la matière première. C'était la première fois que je faisais un projet de telle envergure : le design,
l'ingénierie, l'architecture, même la dimension entrepreneur puisque j'ai coordonné les opérations avec des partenaires certifiés Baccarat. C'était un challenge personnel.
Quels sont vos projets ?
J'ai amorcé ma démarche de designer indépendant. J'apprends à parler pour moi après avoir parlé au nom de grandes marques! Et c'est formidable car les éditeurs me poussent à être moi-même. De premières collaborations notamment avec des éditeurs italiens et français devraient voir le jour en 2012.
Tous les projets sur lesquels je travaille impliquent l'innovation : je considère que les signes, les formes existent. Par exemple si je fais une chaise, je vais veiller à ce qu'elle apporte quelque chose en plus en terme d'innovation (processus, matière, technologie). Je m'intéresse à ce qui n'a jamais été fait. Aujourd'hui je donne la priorité à la lumière. Finalement la lumière c'est la meilleure charnière entre l'architecture et le design. La lumière agit sur l'architecture, plus que le mobilier selon moi.
Vous avez une double formation d'architecte et de designer industriel ?
Oui ! La méthodologie de l'architecte est extraordinaire pour manipuler des concepts et leur donner naissance : il n'est expert en rien
/DesiGn
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Comment ce lustre est-il né ?
Ce lustre est presque un hasard… Le fondateur du Corinthia , Alfred Pisani qui a la volonté de développer son groupe dans les grandes villes européennes, cherchait des emplacements. Nous nous sommes rencontrés car il était Intéressé par l'Hôtel du Louvre, qui fait partie du groupe Starwood à qui appartient Baccarat.En tant que directeur artistique de Baccarat, je travaillais au développement de la partie enseigne hôtellière et j'ai imaginé le premier concept hôtellier Baccarat qui était prévu pour l'Hôtel du Louvre. Monsieur Pisani a été emballé par le projet et m'a sollicité pour venir au Corinthia Londres pour que je lui donne mon avis et que j'intervienne. Du jour au lendemain je me suis retrouvé là-bas et j'ai
rencontré les architectes. Je pouvais choisir ce que je voulais faire avec eux mais c'était difficile vu l'avancement du projet, il ne fallait pas que je gêne les projets en cours. Le lustre s'est imposé d'autant plus qu'ils avaient une envie de luminaire emblématique : mon objectif était que le lustre devienne le coeur de cet hôtel. J'ai demandé à ce que l'on redessine le lobby : il y avait un puits de lumière, sorte de dôme contemporain, qui manquait de solennité. Nous avons construit une coupole puis j'ai imaginé un lustre qui venait s'intégrer sous la coupole, une lune.
Parlez-nous de sa réalisation.
D'un côté nous avons travaillé avec Baccarat pour produire la partie cristal dans des délais très courts, puis avec les architectes pour que la configuration de l'espace puisse accueillir cet objet. Pour faire fondre la structure du luxe, afin qu'on la voit le moins possible, j'ai émis des recommandations sur la structure du dôme pour qu'il épouse le lustre. Cette installation a également un bel impact sur le jardin : le lustre rayonne sur l'intérieur et l'extérieur qu'il irradie. Certes, la coupole disparaît au profit du lustre mais elle est fondamentale à sa mise en scène.
INNOVATION
Une lune qui veille sur les nuits. J'aimais l'idée d'avoir la pleine lune en permanence.
Ce lustre est une première…
Oui ce projet est très innovant car il est composé de LED à basse tension : mon objectif était de mettre la lumière au coeur du cristal sans jamais que les spectateurs en devinent la structure. C'est l'effet magique de la Lune. On a l'impression qu'elle vole, qu'elle flotte alors qu'elle pèse plus de deux tonnes ! Ce lustre n'est fait que de lumière : tout est source et tout est réflecteur. Il y a une harmonie et une homogéniété.
Comment avez-vous travaillé avec Baccarat?
Je les connais bien, donc c'était très facile de travailler avec eux malgré des délais très courts. Il y a 1000 bulles de cristal plus une rouge, hommage à Baccarat, au coeur de ce dispositif. Le cristal rouge s'obtient avec de l'or, c'est magique. Le travail de diffraction du cristal est merveilleux et a nécessité énormément d'essais. Un tamis de cailloux, comme des éclats de cristal ou de lune, vole juste en dessous du lustre.
Baccarat fait beaucoup de commandes spéciales. Dans ce cas-là j'ai pu intervenir sur le process pour l'accélérer, et conçu toute la partie ingénierie. J'ai pris en charge le développement du projet et Baccarat en était le garant de la qualité et producteur de la matière première. C'était la première fois que je faisais un projet de telle envergure : le design,
l'ingénierie, l'architecture, même la dimension entrepreneur puisque j'ai coordonné les opérations avec des partenaires certifiés Baccarat. C'était un challenge personnel.
Quels sont vos projets ?
J'ai amorcé ma démarche de designer indépendant. J'apprends à parler pour moi après avoir parlé au nom de grandes marques! Et c'est formidable car les éditeurs me poussent à être moi-même. De premières collaborations notamment avec des éditeurs italiens et français devraient voir le jour en 2012.
Tous les projets sur lesquels je travaille impliquent l'innovation : je considère que les signes, les formes existent. Par exemple si je fais une chaise, je vais veiller à ce qu'elle apporte quelque chose en plus en terme d'innovation (processus, matière, technologie). Je m'intéresse à ce qui n'a jamais été fait. Aujourd'hui je donne la priorité à la lumière. Finalement la lumière c'est la meilleure charnière entre l'architecture et le design. La lumière agit sur l'architecture, plus que le mobilier selon moi.
Vous avez une double formation d'architecte et de designer industriel ?
Oui ! La méthodologie de l'architecte est extraordinaire pour manipuler des concepts et leur donner naissance : il n'est expert en rien
mais il est capable de créer un objet fait de techniques qu'il ne maîtrise pas. Sa force c'est de mettre en oeuvre toute l'expertise et le savoir-faire de ses partenaires. L'architecte est un hyper généraliste qui est complètement transversal, avec une capacité à apprendre et à comprendre. C'est unique. Tout se conçoit, tout se perçoît, tout s'analyse. Cette méthodologie, l'architecte l'applique aux grands ensemble. Le designer lui l'applique à l'échelle humaine.
La lune est-elle à la hauteur de ce que vous imaginiez ?
C'est trop tôt ! J'ai du mal à prendre du recul, je pense que je peux toujours améliorer les choses. C'est vrai que j'ai tout de suite aimé le lustre, ce qui n'était pas le cas pour tous mes objets que j'ai appris à aimer avec le temps. C'est important pour moi d'aimer mes créations. J'ai besoin que les gens ressentent une émotion en regardant un de mes objets, j'aime que ça parle à tout le monde. Je ne cherche pas à plaire uniquement à l'élite. Je m'attarde sur les détails car ils contribuent à l'émotion.
Propos recueillis par Caroline Taret