
Qui n’a jamais utilisé un éventail lors d’une chaude journée d’été ? Cet accessoire délicat est bien plus qu’un simple moyen de se rafraichir. Importé d’Asie, il a été sublimé par les geishas japonaises qui en ont fait un véritable art gestuel. Arrivé ensuite en Europe, l’éventail devient un symbole de grâce et de bourgeoisie au XVIIIᵉ siècle. Les dames de la haute société l’utilisent comme un langage subtil et un marqueur social. En Espagne, il se transforme en accessoire de danse sensuel, magnifiant les mouvements du flamenco.
L’épisode célèbre du coup d’éventail survenu à Alger en 1827 est souvent présenté comme l’élément déclencheur de la conquête française de l’Algérie. S’il peut sembler anecdotique, il s’inscrit en réalité dans un contexte diplomatique tendu et révèle la fragilité des relations franco-algériennes au début du XIXᵉ siècle.
À cette époque, Alger est encore une Régence ottomane semi-autonome. Le pouvoir local est exercé par le Dey Hussein, tandis que la France est dirigée par Charles X. Depuis plusieurs années, un différend financier oppose les deux États : au moment des guerres napoléoniennes, deux négociants juifs d’Alger, Bacri et Busnach, avaient fourni d’importantes cargaisons de blé à la France. La Régence attendait toujours le remboursement de cette dette, estimée à plusieurs millions de francs.
Le 29 avril 1827, lors d’une réception au palais du Dey, celui-ci interpelle le consul de France, Pierre Deval, au sujet de ce remboursement qui tarde. Le ton monte. Excédé par les réponses évasives du consul, le Dey Hussein, dans un geste d’agacement, brandit son éventail en plumes de paon et lui en assène un léger coup. Ce geste, qui se voulait plus symbolique qu’agressif, fut perçu par la diplomatie française comme un affront insupportable à l’honneur du roi.
Charles X en fit un prétexte idéal pour détourner l’opinion publique des difficultés intérieures et affirmer la puissance française. Après un blocus maritime imposé à Alger pendant trois ans, une expédition militaire est lancée en juin 1830 : c’est le début de 132 ans de colonisation française. Ainsi, un simple éventail, manipulé dans un moment de colère, allait changer le destin de tout un pays.
Ainsi, un simple coup d’éventail changea le cours de l’Histoire... et marqua à jamais le destin de l’Algérie.
Bien loin des salons diplomatiques, l’éventail est aussi un « must have » du trousseau de la mariée algérienne. En plumes, en perles, brodé ou peint à la main, il accompagne les femmes lors des soirées estivales et devient un prolongement délicat de leur gestuelle.
Passé de main en main, il sert à se donner un air mystérieux, à raconter une anecdote à voix basse à la voisine de table ou à souligner une coquetterie. Il évoque la féminité andalouse, la grâce d’un sourire dissimulé et la complicité silencieuse entre femmes.
Dans les contes andalous, l’éventail devient parfois un complice de séduction. Un souffle discret peut dissimuler des joues rosies par l’émotion, ou couvrir un sourire timide face à un regard insistant. Certaines jeunes femmes y inscrivaient même subtilement leur numéro de téléphone, comme une señorita espiègle, le faisant virevolter sous les yeux de leur matador de cœur.
Qui sait ? Un jour, un simple éventail pourrait bien changer le cours de votre histoire…
Sources : Archives diplomatiques françaises ; Histoire de l’Algérie (Benjamin Stora, 1994) ; Encyclopædia Universalis.
Rejoignez la communauté Dzirielle !
Accédez aux commentaires, aux forums, recevez nos contenus exclusifs et partagez votre avis avec d'autres passionnées de mode, mariage et culture DZ 💬
Créer mon compteDéjà membre ? Connectez-vous ici
Yassine_g
29 Septest test