En cette année 2007, tandis qu’Alger rayonne au rythme de « Capitale de la Culture Arabe », une femme se distingue par sa voix chaude, son exigence artistique et son attachement viscéral au patrimoine musical algérien : Zakia Kara Terki. Interprète d’exception et instrumentiste accomplie, elle parcourt les scènes du pays avec la noblesse d’un art ancestral qu’elle réinvente sans jamais le trahir.
Fille du terroir et du tempo, Zakia Kara Terki a grandi dans l’univers feutré et savant de la musique andalouse. Élève des écoles de Tlemcen, Alger et Constantine, elle se revendique d’une triple filiation musicale : l’andalou classique, le hawzi lyrique et les sonorités plus populaires du mahdjouz. Sa voix porte en elle les accents d’une mémoire collective, et son jeu, raffiné, s’ancre dans une tradition exigeante, où l’ornementation vocale est au service de l’émotion.
La saison 2006-2007 a marqué un tournant dans sa carrière. Du Sahara profond à la Méditerranée, de Biskra à Oran, elle a enchaîné les concerts devant un public fidèle et passionné. Dans le Sud, son succès fut éclatant : « Les salles étaient pleines, l’accueil d’une chaleur rare », confie-t-elle avec gratitude. Preuve que la musique andalouse, loin d’être élitiste, touche tous les Algériens, même dans les régions les plus reculées.
Perfectionniste, Zakia Kara Terki prend son temps. Elle enregistre un album tous les deux ou trois ans, pour laisser à ses auditeurs le plaisir de l’écoute, de la découverte lente. Cette année, elle signe une nouvelle nouba Ghrib, sa deuxième du nom, réalisée avec l’orchestre de la Radio nationale. « J’ai moi-même supervisé le mixage », explique-t-elle dans un rire franc. Trois jours de travail intense, de passion, et le résultat est à la hauteur : un album riche, respectueux de la tradition, mais aux arrangements soignés.
Parmi les moments forts de cette année, l’hommage qu’elle rend à la grande Maâlma Yamna, figure tutélaire du hawzi, marque un jalon dans sa carrière. Plus qu’un simple enregistrement, c’est un acte de transmission, une révérence musicale à une femme qui a laissé plus de 500 titres en héritage. « J’ai été honorée de porter sa mémoire à travers un disque », confie-t-elle.
Artiste généreuse, elle ne se contente pas de chanter en solo. Son goût pour l’échange l’a conduite à enregistrer un duo avec Nacereddine Chaouli, mais aussi à partager la scène avec des groupes internationaux, tels que l’ensemble espagnol Cervantès ou une formation turque avec qui elle a chanté en langue ottomane. L’un des moments les plus émouvants ? Une scène à Tlemcen, en duo avec le mythique Mustapha Skandrani. « Lui au piano, moi à la kouitra. On jouait comme un orchestre entier », se souvient-elle.
Chez elle, la voix n’est qu’un prolongement de la main. Son père, luthier de métier, lui transmet très tôt l’art du luth. Aujourd’hui, elle maîtrise la kouitra, le rebab, la mandoline, la guitare… sans oublier le mizan, qu’elle a appris à tenir à la prestigieuse école de la Mosselia. À la salle Ibn Khaldoun, elle ose même se produire seule, sans orchestre : une voix nue, portée par la seule vibration d’un instrument.
Son inspiration ? Elle la puise autant chez Beethoven que chez Wadiaâ Essafi ou Ahmed Wahby, qu’elle admire depuis l’enfance. Son éclectisme musical nourrit sa singularité : elle sait convoquer l’universel sans renier le particulier. Elle prépare désormais une nouba H’sine inédite, du prélude (m’cedder) à la conclusion (khlass), ainsi que plusieurs concerts à l’international — de Montréal à Carthage.
Zakia Kara Terki n’est pas une chanteuse comme les autres. Elle est gardienne d’un temple invisible, celui d’une musique qui se transmet par la voix, par le geste, par le cœur. Sa manière de vivre la nouba n’est pas celle d’un folklore, mais celle d’un acte de culture et de foi. « Il faut aimer son pays », dit-elle simplement, au moment de voter. Elle, elle l’aime en musique.
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