Ce qui ne devait être qu’une transaction discrète entre une mère en détresse et un couple en mal d’enfant a finalement levé le voile sur un réseau structuré de trafic d’enfants dans la région de Béjaïa. Derrière ce sordide fait divers se cache une réalité bien plus grave, celle d’un système organisé, où l’humain devient une marchandise.
Tout commence le 14 décembre, lorsqu’une femme âgée de 32 ans se présente aux services de la sûreté urbaine pour dénoncer ce qu’elle qualifie d’escroquerie. Elle explique avoir cédé son nourrisson à un couple sans enfant, en échange d’une somme de 500 000 dinars. Une transaction orale, scellée dans l’ombre, qui n’a pas été honorée selon elle. Ne voyant pas la totalité de l’argent promis, elle choisit de porter l’affaire devant les autorités.
Derrière cette plainte se dessine un stratagème minutieusement mis en place. La plaignante, enceinte d’un enfant dont le père est inconnu, aurait été convaincue par une tierce personne – une intermédiaire – d’« optimiser » cette naissance non désirée en l'échangeant contre de l’argent. Le couple acquéreur, résidant à Amizour, se présente alors comme solution.
Le jour de l’accouchement, la jeune femme se fait passer pour l’épouse légitime de l’homme acquéreur, usurpant ainsi son identité aux yeux de l’administration de la maternité. Le nouveau-né est alors enregistré comme leur enfant biologique, intégrant officiellement le livret de famille du couple.
Mais le litige financier viendra tout faire basculer. En ouvrant une enquête, la Sûreté de wilaya découvre que cette affaire ne relève pas d’un cas isolé. Il s’agirait plutôt d’un véritable réseau, dans lequel plusieurs personnes seraient impliquées. « Au-delà de ce sordide commerce ponctuel, des individus en faisaient leur moyen d’enrichissement », précisent les autorités.
Les investigations se poursuivent pour déterminer l’étendue de cette organisation et le degré de responsabilité de chacun des protagonistes.
Présentés le mardi suivant devant le parquet, les principaux acteurs ont été rapidement fixés sur leur sort. La mère biologique, le couple acquéreur et la femme intermédiaire ont été placés sous mandat de dépôt. Une cinquième personne a été soumise à un contrôle judiciaire, tandis que les autres membres présumés du réseau, dont le nombre n’a pas été révélé, ont été libérés sous contrôle provisoire.
Cette affaire met une nouvelle fois en lumière les dérives d’un système où la précarité, le désespoir et l’absence de régulation poussent certains à instrumentaliser la maternité. Entre manque d’encadrement légal pour les adoptions et désir désespéré d’enfants, les failles sont béantes. Et certains n’hésitent pas à s’y engouffrer, au détriment des plus vulnérables.
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