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DE DZIRIYA À DZIRIELLE : LES ARCHIVES

Bejaia à l’époque Hammadite : Splendeur et disparition d’une capitale

Bejaia, ou Béjaïa, a connu son apogée à l’époque hammadite, devenant l’une des capitales les plus prospères du Maghreb médiéval. Fondée en 1067 (461 H) par Moulay Nacer, cette cité était stratégiquement conçue pour échapper aux incursions hilaliennes et s’ouvrir sur le monde via un port d’importance majeure.


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Une métropole en pleine expansion

Selon Ibn Khaldoun et d’autres sources historiques, Bejaia était une capitale florissante aux infrastructures étendues sur plus de 150 hectares. Elle possédait une enceinte de 4 km ponctuée de huit portes, dont la fameuse Bab el Bounoud, ou porte des armées. La Casbah, loin d'être une construction espagnole, était déjà un centre politique et religieux sous les Hammadites.

Les palais et l’architecture urbaine

Trois grands palais symbolisaient la richesse architecturale : Kasr al-Lou'loua (palais de la Perle), Kasr al Kawkeb (palais de l’Étoile) et Kasr al Mamounia. Ils étaient construits avec des matériaux nobles et des techniques avancées. Malheureusement, les Espagnols les pillèrent et les détruisirent dès leur invasion en 1509.

Un tissu urbain riche et vivant

La ville était divisée en 21 quartiers dynamiques. Certains, comme Bab el Bahr, Bridja, Sidi Bouali, Bab el Louz ou encore Karamane ont survécu dans les toponymes contemporains. Les rues étaient bordées de palmiers, les places animées de souks et d’activités marchandes. La population, selon les estimations, dépassait les 100 000 habitants.

Rayonnement culturel et religieux

Bejaia brillait par son activité intellectuelle. Des figures emblématiques comme Ibn Khaldoun, Ibn Arabi, Abou Médienne ou Al Ghobrini ont fréquenté ses mosquées et ses cercles savants. La ville comptait plus de soixante-douze mosquées, dont la majestueuse Djamaa El A’dham. L’enseignement religieux, le soufisme et les sciences exactes y prospéraient.

Le port et son importance

Le port de Bejaia, situé vraisemblablement au-delà de Bab el Marsa, était un carrefour commercial majeur entre le Maghreb, l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée. Des vaisseaux, des caravanes et des marchands y convergaient. Ce port fut effacé de la mémoire historique par la colonisation française qui tenta de lui substituer la zone de Bab el Bahr.

La décadence sous l’occupation

Espagnols dès 1509, puis Franais en 1833, s'emploient à la destruction systématique de Bejaia. Les Espagnols détruisent palais, mosquées et quartiers entiers, puis se retranchent derrière une enceinte réduite. Les Français achèvent cette entreprise, ne laissant debout que Bab el Louz et Karamane.

La Casbah et les mythes coloniaux

Contrairement aux affirmations de certains historiens coloniaux, la Casbah existait déjà à l’époque hammadite. Al Ghobrini et Ibn Khaldoun la mentionnent comme centre du pouvoir. La thèse espagnole n’est qu’une falsification historique appuyée par une plaque datée mais ajoutée sur un mur ancien.

Une capitale à redécouvrir

Bejaia à l’époque hammadite était une métropole intellectuelle, politique et spirituelle. Sa destruction a entraîné une perte irréparable pour la mémoire algérienne. Il est temps de décoloniser notre histoire, de lancer de vraies recherches archéologiques et de rendre hommage à la grandeur de cette ville.

*Cet article est une synthèse historique basée sur les travaux du professeur Ali Merad, Ibn Khaldoun, Al Ghobrini et les notes critiques de Charles Ferraud.















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