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DE DZIRIYA À DZIRIELLE : LES ARCHIVES

Beihdja Rahal, une voix raffinée pour l’éternité andalouse

Issue d’un milieu artistique, Beihdja Rahal est la seule de sa famille à avoir embrassé une carrière musicale. Et pas dans n’importe quel registre : elle s’est imposée dans l’un des genres les plus exigeants et les plus codifiés du patrimoine algérien — le chant arabo-andalou.


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La passion précoce d’une virtuose

Elle commence à chanter à l’âge de 12 ans. Très tôt, elle choisit un instrument emblématique de la tradition algérienne : la kouitra, ancien luth difficile à maîtriser, réputé pour la complexité de son jeu. Ce choix audacieux témoigne de sa volonté d’ancrer sa pratique dans une tradition authentique, tout en affirmant une rigueur artistique peu commune.

Elle poursuit son éducation musicale auprès de grands maîtres du classicisme andalou : Abderrezak Fakhardji, Mohamed Khaznadji et Zoubir Karkachi, qui lui transmettent les subtilités d’un art aussi savant qu’élégant.

Une carrière forgée dans l’excellence

Aujourd’hui quadragénaire, Beihdja Rahal a choisi, il y a plus de dix ans, de se consacrer entièrement à cet art. Une décision audacieuse dans un univers majoritairement masculin, où peu de femmes parviennent à s’imposer. Et pourtant, elle relève le défi avec une rare constance et une maîtrise sans faille.

Son projet le plus ambitieux : l’enregistrement intégral des douze noubas restantes du répertoire andalou. À ce jour, elle en a enregistré neuf, entourée de musiciens chevronnés et de musicologues. Chaque nouba dure près de deux heures et constitue un véritable joyau du patrimoine sonore algérien. La dixième, Raml Maya, est attendue avec impatience.

Une voix, une émotion, un engagement

Dans ses concerts, dès les premières notes, le public est transporté. Sa voix caressante et maîtrisée réveille les mémoires et fait vibrer les cœurs. Beihdja Rahal chante l’amour divin, le mysticisme soufi, la beauté du verbe classique, avec une élégance rare. Elle a volontairement renoncé aux orchestres pléthoriques en vogue, préférant les formations de chambre plus intimistes, qui laissent place à l’improvisation et à la finesse d’interprétation.

Le chant andalou, entre héritage et modernité

Longtemps perçue comme élitiste, la musique andalouse connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, notamment auprès de la jeunesse algérienne. Beihdja Rahal en est une ambassadrice enthousiaste. «La nouba est commerciale», confie-t-elle avec lucidité. «Preuve en est, les sollicitations constantes de mon éditeur. Elle est très demandée.»

Dans la rue, elle est régulièrement abordée par de jeunes admirateurs qui reconnaissent son travail d’orfèvre et la force de son engagement. Car plus qu’une chanteuse, Beihdja Rahal est devenue un symbole : celui d’une tradition revisitée par une voix féminine d’exception, qui sait conjuguer respect du patrimoine et ouverture au présent.















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