Indéniablement, Anissa a su offrir une allure princière à la robe kabyle en y insufflant des touches occidentales et orientales. Autodidacte, elle a forgé sa vision du «?luxe bérbéro-mauresque?» à force de recherches sur l’art vestimentaire algérien. Dzirielle part à la rencontre de cette passionnée.
À 30?ans, cette jeune Franco?Algérienne s’est lancée récemment dans la confection de tenues traditionnelles. Bien que son initiation à la mode soit tardive, elle a grandi bercée par l’univers artistique de ses deux parents.
Le luxe la fascine depuis toujours. C’est en préparant sa thèse sur ce thème qu’elle a compris son impact sur la féminité. Lors de l’organisation de son propre mariage, elle a choisi une robe kabyle contemporaine signée d’une grande couturière, puis a décidé de créer elle-même sa première tenue, constatant l’absence d’offre luxueuse. Le buzz a été immédiat, prélude à une carrière qu’elle n’imaginait pas.
Formes, étoffes, couleurs, accessoires… En créatrice visionnaire, Anissa Belkebir ose des associations inédites et inscrit ses modèles dans un esprit résolument contemporain et profondément algérien. Sa dernière collection en témoigne?:
«?Comme j’aime l’Algérie et ses défis, j’ai étudié l’histoire du costume ottoman, algérois, constantinois, oranais, amazigh, puis grec, romain et égyptien. Ces recherches m’ont permis de repartir de la source. En m’appuyant sur ces iconographies, j’ai imaginé des robes pour les mariées d’aujourd’hui. En parallèle, je me suis inspirée de grands stylistes libanais comme Zuhair Murad et Georges Chakra.?»
Mordue de mode et d’art, Anissa soigne chaque détail, notamment lors de ses shootings?:
«?Je travaille beaucoup l’esthétisme?: une image forte est essentielle pour une marque haut de gamme. Mon âme d’enfant se retrouve dans l’univers onirique de Lolita Lempicka. Mon positionnement est clair depuis le début.?»«?Je m’inspire aussi de l’histoire égyptienne?: le faste doré de Cléopâtre m’a toujours émue. Ma tenue chaouie rend hommage à cette splendeur.?»
Pour Anissa, l’originalité est le plus grand défi?:
«?Je veux proposer des créations exclusives, colorées, luxueuses, toujours dans un souci d’émerveillement. Je n’aime pas la demi-mesure?; mon objectif est de toujours faire mieux, tout en sachant que l’esthétisme reste subjectif.?»
Sa collection 2014 rend hommage aux femmes de pouvoir?: couleurs vives et nudes, tissus pailletés, lamé or et argent, dégradés satinés… «?Je travaille uniquement des matières nobles, car rien n’est trop beau pour faire rêver?», confie-t-elle.
Le petit plus de A’ina (sa marque)?: une prestation negaffa de qualité orchestrée par Wassila Boussala, assistante styliste et maquilleuse, ainsi que des parures sur?mesure signées Dounia Khalil pour Bijoux Orientaux By Reflets d’Orient. «?Chaque tenue est pensée dans les moindres détails?: perles importées d’Australie, louis d’or d’Égypte, cristaux Swarovski à reflet boréal?», détaille Anissa.
Cette princesse de la mode a sculpté un univers de précieuses délicatesse. Animée par sa passion pour l’Algérie et son goût du défi, elle doit son succès à une volonté sans faille et à un talent bien réel.
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