
· 29 juillet 2011 à 04:47
Je vais citer un témoignage réel à propos de l'islamophobie, lisez le avec attention et si vous le souhaitez vous pouvez apporter vos réflexions, vos réactions, témoignages, faits, exemples, sourates etc…. :
(Si ce sujet/post engendre trop de polèmiques houleuses, j'invite la modératrice à le supprimer sans délai, merci)
Je cite le témoignage :
Pendant longtemps on nous a montrés du doigt comme les arabes-ignorants-chômeurs –délinquants-potentiels, élements de seconde zone. Enfants, nos parents étaient stigmatisés comme des moins que rien, nos papas n'étaient rien d'autre que de la main d'œuvre pour construire ce pays et nos mamans des mères au foyer ne sachant pas parler français et faisant des enfants non pas pour les aimer et les chérir, mais plutôt pour profiter des allocations familiales.
Pour ces enfants (nous), nos parents ont tout fait. Ils ont tout accepté. Ils ont tout sacrifié : leur santé, leur vie. Pour nous, ils ont encaissé sans jamais rien dire… Alors pour eux, je ne baisserai jamais la tête. Pour eux, je ferai respecter mes droits et pour eux, je me battrai jusqu'au bout.
Enfant, je détestais cette image d'arabe pauvre qui me collait à la peau. On ne m'a jamais considérée comme Française. A l'âge de 16 ans, j'ai été convoquée au tribunal pour expliquer devant un juge quelle nationalité je voulais choisir. C'était un choc pour moi : je suis née en France, j'ai fait mes études en France, je ne connais que la France. Je n'étais pourtant pas assez française pour ce juge, pour ce pays.
J'ai fait de bonnes études, animée de cette rage de faire mieux que tout le monde et surtout mieux que ce « Français légitime » à côté duquel j'ai grandi. Légitime parce qu'à lui on ne demandait pas de s'expliquer devant un juge, ni de se battre autant que moi pour mériter sa place. A lui on ne montre jamais qu'il n'est pas le bienvenu. Alors j'ai essayé d'être meilleure que lui en espérant devenir un jour, à force d'efforts, aussi légitime que lui.
Aujourd'hui j'ai un travail, je paye mes impôts, je fais de mon mieux pour être une personne honnête et intègre… mais je suis toujours montrée du doigt : plus en tant qu'arabe-ignorante-délinquante-potentielle mais en tant qu'arabe-musulmane-intégriste-terroriste-potentielle. Le temps passe, mais une chose n'a pas changé : je suis toujours le bouc-émissaire de ce pays malade.
Il faut avoir du courage pour être musulman en France aujourd'hui. En plus d'accepter des lois injustes et d'être victimes de discrimination et de racisme quotidien de la part des médias, du gouvernement et de Monsieur Tout-le-monde, pas un jour ne passe sans un article, un reportage ou un sujet à la télé, mettant en scène tous ces barbus-musulmans terroristes-intégristes-extrémistes, du journal de 20h aux salles de cinéma.
Si tu penses que j'exagère, regarde le programme télé et tu verras par toi-même.
J'ai pendant longtemps voulu être cette Française légitime.
Pour ça, j'étais prête à cacher mon côté arabo-musulman. En public, j'étais une musulmane « undercover » qui dissimule sa pratique de l'islam. Concernant l'alcool, j'avais les répliques toutes faites : « je ne bois pas parce que je n'aime pas ça », « je jeûne parce que c'est bon pour la santé », « je refuse de parler religion parce que, tu comprends, la religion et la spiritualité c'est compliqué et ça ne concerne que la sphère privée », etc.
Lorsque mes collègues faisaient des remarques islamophobes, je préfèrerais ne rien dire pour ne pas me lancer dans la polémique. Je ne voulais pas que l'on me compare à ces « mauvais musulmans » (c'est comme ça qu'on nous demandait de les considérer), à ces « talibans », moi qui suis pourtant une « modérée » comme la décriraient les médias : une gentille musulmane visible uniquement le jour de l'Aïd, quand elle apporte des gâteaux à ses aimables et tolérants collègues de bureau.
Bon, maintenant qu'elle a fait tout ce qu'on lui demandait, la beurette assimilée peut-elle enfin endosser son costume de Française légitime ?
Pas si sûr si on écoute les médias et les politiques (et aussi les voisins et les collègues, qui eux-mêmes écoutent les médias et les politiques)…
Pourtant je suis née ici, j'ai grandi ici, j'ai ma place dans cette société. Je maitrise l'histoire, la langue, la culture de ce pays. Je fais partie de ce pays et je n'ai aucune légitimité à acquérir :
Je suis française ET musulmane.
Et si pour certains cela n'est pas compatible alors merci d'aller voir ailleurs parce que je ne bougerai pas d'ici : je resterai musulmane et je garderai mon voile.
Je me rappelle d'une discussion avec une amie proche qui m'avait confié que dans son entourage, certains ne comprenaient pas pourquoi il y a tant de femmes voilées maintenant et que cela les dérangeait.
J'ai essayé de comprendre quel était le problème :
Pourquoi les femmes voilées représenteraient soudainement une menace pour cette société ?
Est ce que leur choix de se couvrir les cheveux porte atteinte à la liberté d'autrui? Non.
Est ce qu'elles sont violentes et menacent les autres? Non plus.
Alors où est le problème ?
Mon amie m'a répondu : « ça gène parce qu'on est en France ».
Cette phrase m'a longtemps trottée dans la tête, elle m'a fait penser à une citation du Général de Gaulle :
« C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu'on ne se raconte pas d'histoire ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français. Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très savants. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et les Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherez-vous de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées. »
N'en déplaise au Général, nous sommes là : musulmanes, françaises, voilées.
On nous jette à la figure la « laïcité » à tout bout de champ, comme on criait « maison » dans la cour de récréation pour éviter d'avoir à faire face. On se cache derrière ce mot qui ne veut plus rien dire pour masquer un racisme qui vise les musulmans pour leur simple appartenance religieuse.
Voici par exemple un article du Monde Diplomatique sur ce beau principe de laïcité, que l'on met en avant pour légitimer toute les discriminations faites aux musulmans et rendre politiquement correcte l'islamophobie croissante des français. Quand il s'agit de l'islam on interdit, on stigmatise on discrimine pour « sauver cette laïcité » parce que, tu comprends, si on doit respecter les croyances de chaque personne on court tout droit vers l'anarchie.
Alors que signifie cette ode à la république blanche et chrétienne ? Euh pardon, je voulais dire cette république laïque :
«La chrétienté a laissé à la France un magnifique héritage de civilisation, a poursuivi Nicolas Sarkozy. […] Grégoire de Tours, le plus ancien de nos historiens, dans son Histoire des Francs, évoque le sanctuaire du Puy et la synagogue de Clermont. Il écrivait il y a 15 siècles. C'est la France que nous aimons, c'est la France dont nous sommes fiers. C'est la France qui a des racines.»
Je rappelle tout de même que sur le papier «La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ». (c'est écrit dans le préambule de ce truc qu'on appelle « la constitution »)
Pour l'instant, on est encore bien loin de cette idée innocente. Là, tout de suite, on en est à renvoyer les mamans musulmanes des sorties scolaires si elles portent le foulard. C'est ce qu'explique cet article paru dans Libération.
C'est la première fois qu'un article me rend si triste. Maintenant on s'attaque aux mamans musulmanes qui souhaitent s'investir dans l'éducation de leurs enfants. Elles n'ont pas le droit d'accompagner leurs enfants pendant les sorties scolaires. Quelle image la France leur renvoie? Ces mamans sont de mauvaises mères qui ne sont pas montrables, il ne faut surtout pas qu'elles côtoient les autres enfants? De quoi les accuse-t-on ? D'être française et musulmane.
Il faut avoir du courage pour être musulman en France aujourd'hui, il faut avoir du courage pour ne pas haïr cette France là et je ne sais pas si j'ai encore ce courage aujourd'hui…