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Les commérages au Maroc

Posté par Nour · 2 réponses · 2.2k vues

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Nour · 5 mars 2008 à 15:12

En patois local, les Marocains l'appellent le "Tbarguig". Ce mot aux sonorités amusantes désigne l'art et la manière d'observer son prochain et de colporter des rumeurs. Véritable sport au Maroc, il prend racine dans des coutumes tribales séculaires. Dans les vieilles cités marocaines en effet, tout étranger à la Médina était soumis à une enquête. L'étranger s'y prêtait sans rechigner, car il en allait de la sécurité du groupe. "L'esprit clanique et l'impératif tribal primaient en ces temps-là. Le désenclavement social et culturel s'opérait par le biais des souks qui faisaient également office de foire aux informations.", selon A. Mouhieddine. De ces us et coutumes, le "Tbarguig" est resté.
Bien que le Tbarguig ait ses lieux de prédilection tels les cafés, les hammams et les souks, il n'en demeure pas moins vrai que l'espace public tout entier, et même l'espace privé, peut faire office de tour d'observation pour commères averties.
Une jeune femme témoigne :
"Un jour, le gardien de mon bungalow m'a conseillé de porter des baskets plutôt que des chaussures à talons. J'ai d'abord été surprise qu'il se permette une telle remarque. Mais je voulais surtout savoir comment il s'était aperçu que je portais des talons, alors qu'il ne me voyait qu'à travers ma voiture, lorsqu'il m'ouvrait la barrière. Sa réponse ? 'A chaque fois que vous regagnez votre bungalow, vous vous débarrassez aussitôt de vos talons et les déposez dans le coin gauche de votre terrasse'. Ce monsieur pensait que des baskets seraient plus appropriées car il me voyait 'me démener entre courses et tracas des enfants' ". Le gardien avait donc scrupuleusement observé les habitudes de cette jeune femme !
Qu'est-ce qui le motive à se mêler des affaires d'autrui ? Selon un psycho-neurologue marocain, "C'est sa façon de rappeler qu'il existe. Pour lui, l'indifférence doit être insupportable".
Les personnes sans emploi s'adonneraient plus volontiers aux commérages
L'oisiveté est-elle mère de tous les vices, comme le dit l'adage populaire ? En tous cas, c'est parmi les retraités et les chômeurs de longue durée, que le phénomène prendrait une ampleur démesurée. Positionné à un endroit stratégique, le voyeur de service, libre de toute contrainte de temps, serait à l'affût du moindre événement nouveau.
Les mariages, les naissances, les décès, les divorces et les conflits de toute sorte… Rien ne lui échappe, son fichier est régulièrement mis à jour. Il irait même jusqu'à détailler le contenu du panier des ménagères, à ses "heures perdues" (certes, elles le sont toutes) !
Le voyeur/informateur s'octroie ainsi un statut de consultant, de rapporteur et de confident de la cité. Devenu utile, voire incontournable, il peut vivre sa "déchéance" comme un drame, si plus personne ne l'écoutait, ni ne le consultait. Dans ce cadre, les commérages servent à resserrer les liens sociaux et à occuper "utilement" les voyeurs, hissés au rang d'informateurs.
Les conséquences des rumeurs et des diffamations
Au-delà de son aspect folklorique et amusant, le voyeurisme associé aux calomnies peut causer des dommages importants à la société, allant des divorces aux crimes passionnels, en passant par des emprisonnements ou des exécutions. Combien d'unions brisées, combien de familles déchirées l'ont été à cause de rumeurs et d'accusations mensongères ! Sous certains régimes politiques, des têtes seraient tombées à cause de dénonciations calomnieuses. Durant le règne de feu Hassan II (roi du Maroc), par exemple, des villes entières auraient été victimes de diffamation, d'accusations, colportées par une poignée d'individus. Conséquences : des innocents ont payé de leur vie.
Sur un ton plus léger, A. Mouhieddine relate sa propre expérience anecdotique : "Un voyeur/rapporteur qui m'avait aperçu en charmante compagnie au lendemain de ma lune de miel, avait pris soin d'en informer ma femme : 'Ton mari te trompe avec une femme aux cheveux châtains, yeux couleur noisette, avec un beau grain de beauté sur le haut de la joue droite…'. Si ma femme n'avait pas deviné qu'il s'agissait de ma soeur cadette, j'aurais probablement loupé la procréation de mes trois rejetons !".

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Nour· Posté le 05 Mar 2008 à 15:25

Faut croire qu'on Algérie , ce fléau ne nous épargne pas non plus !! hahaha

On se comprend les filles

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sab· Posté le 05 Mar 2008 à 15:30

L'oisiveté est la mère des vices…

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