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DE DZIRIYA À DZIRIELLE : LES ARCHIVES

Amor Guellil : “Black Ten”, la mode comme mémoire et renaissance

À seulement 25 ans, Amor Guellil s’est imposé comme l’un des créateurs algériens les plus en vogue de sa génération. Le 8 avril dernier, à l’occasion du cinquième anniversaire de sa maison, il a présenté une collection évènement intitulée “Black Ten”. Un nom fort, qui fait référence à la décennie noire et sanglante qui a marqué à jamais la mémoire collective algérienne. Mais pour Amor, ce noir n’est pas une fin. Ce défilé se veut aussi un message d’espoir : une renaissance après le chaos.
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Un hommage au patrimoine, une ode à la modernité

Pour marquer cette date symbolique, le créateur a imaginé une collection audacieuse et épurée, mêlant avec élégance les codes vestimentaires traditionnels et contemporains. L’héritage algérien y est glamourisé, célébré, réinterprété. Le pantalon algérois, le badroune, la mlahfa, la robe naili ou encore les bijoux traditionnels se fondent avec naturel dans des coupes modernes, parfois inspirées de la mode occidentale, sans jamais trahir leur essence.

La tenue qui ouvre le bal est un haïk de taffetas bleu nuit, accessoirisé de lunettes oversize, théâtrales, à la Dolce & Gabbana, cerclées de cristaux Swarovski. Puis vient une séquence inattendue : dix mannequins, voilées de noir, défilent en mini-jupes, en cuissardes. L’effet est saisissant, presque dérangeant. Un moment solennel, fort, qui interroge autant qu’il bouleverse.

Le bijou comme langage politique

Chaque silhouette qui évolue sous les arcades de Sidi Fredj est rehaussée par les bijoux puissants et sombres signés Mimilano Benkourtbi. Amor Guellil confie à Dziriya Magazine : “Mimilano Benkourtbi a fait un travail extraordinaire. Elle a parfaitement compris le message que je voulais transmettre.” Ces pièces, souvent noires, deviennent des symboles : elles incarnent une culture effacée, qu’on cherche à faire revivre.

Entre deuil et lumière

Malgré la noirceur du thème, une lueur d’espoir traverse la collection. Le styliste joue subtilement avec les nuances de noir et de bleu nuit, entre transparence, opacité, lumière et texture. Cristaux, velours, mousseline... tout participe à cet équilibre fragile entre élégance funèbre et renaissance lumineuse.

Une mariée noire pour clôturer

Le défilé se termine sur une vision spectaculaire : une mariée vêtue d’une robe noire saisissante, parée de bijoux majestueux inspirés de la chedda tlemcenienne, portés à même la peau. Sur scène, une soprano entonne une taalila poignante, enveloppant le public d’une émotion brute.

La quintessence de “Black Ten” réside dans l’art du contraste : des matières fluides ou veloutées, des volumes sculpturaux, des références multiples entre sacré et moderne, entre héritage et transgression. Un défilé hors norme, à la fois dérangeant et bouleversant, qui laisse le spectateur abasourdi, mais admiratif.




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