Vous l'avez reconnu ce discours, ce bla-bla que toute algérienne qui se respecte à entendu au moins une fois dans sa vie. C'est le dialogue avec une couturière fi bladna, alias, el Khiyata.
Qui n'a jamais mis les pieds chez une khyata ?! On y a toutes eu droit, un jour. Soit à l'époque, quand le pret-à-porter n'était pas disponible ou juste hors de prix, Soit de nos jours pour les tenues traditionnelles, faites sur mesure. Et c'est dans ces moments là que ça se corse, 3lach ? Eh bien parce que clairement ces bonnes femmes ont notre sort entre leur mains.
On a toutes au moins une khyata dans notre entourage ou famille proche. Très douées elles arrivent à se servir de leurs mais de fée pour confectionner du Chifoune à gogo. Mais dès qu'elles commençent à avoir de la clientèle.. C'est fini. Tu deviens la poule aux oeufs d'or. C'est un peu comme les coiffeuses. La démographie en témoigne on a minimum trois salons de coiffures par quartier, et quatre couturière dans un seul et même immeuble. La quantité menha w 3liha, mais la qualité, rabi ydjib. Wahda te fais une péridurale capillaire, et l'autre te facture un tailleur au prix d'une greffe d'organe.
La khiyata tu y va grâce, ou à cause (ça dépendra du résultat) du bouche à oreille. Bent 3amete ssahbète khtek te l'a montrer. J'appelle au téléphone pour convenir d'un rendez-vous, comme pour le Tbib, sauf que là tu l'appelle par son prénom direct en commencant à lui jeter des fleurs, bach tet'hala fik. Le jour J, elle me reçoit dans son salon, ou y a toute sa famille qui me scrute. Très génée, je n'ose pas trop m'exprimer. Elle prend mes mesures, même les plus improbables et me demande Grosso Modo ce que je veux, scrute mon tissu, en me demandant combien je l'ai payé et chez qui je l'ai acheté. (Pour déterminer ma catégorie socio-professionnelle, yaw fa9o). Je réponds approximativement. #ssah-oulach
Quelque soit le modèle que tu choisis, elle te dira que c'est pas réalisable ou que c'est plus cher, parce que Lazem ed'ebar el Patron blabla, bref tout ce qui est technique. Et là commence les négociations. T3ayik bel Hadra.
Trois semaines plus tard. Le jour du premier essayage je constate que le tissu est devenu une ch'kara, bref une chose immonde, pleine d'épingles. je ne dis rien, ma tension artérielle est à son max, à vue d'oeil. Mais je reste zen. Elle ajuste, en me piquant le derrière sans faire bel3ani. Heureusement que j'ai changé ma culotte et mon soutif, je ne savais pas que j' aurais droit à un comité d'accueil chez la couturière. Dans son salon, traînent ses deux neveux en bas âge entre trois morceaux de tissus, une chibania regarde l'ENTV, et une voisine touche ma "tenue" avec ses mains pleins de gras des khfafs qu'elle est entrain de manger, bach t'chouf la qualité ! #wechdakhlek.
La khiyata me rassure, en me disant que c'est juste un essayage et que tout va prendre forme la semaine prochaine avec les finitions. Bon. Je me dis que oui, khedmetha après tout.
Après t'avoir fait courir deux semaines de plus que prévu, et esquivé tes appels téléphoniques. Le jour de la récupération du bien arrive, jour de stress, car tu as quand même déposé l'équivalent d'un salaire pour cette tenue, entre le tissu et la couture. A ce prix loukan je l'aurais acheté Place Vendome khir, w bla technaf.
Et là, tu as deux issus à cette wekhdation dans laquelle tu t'es fouttue :
- 10% des cas: Tu es super contente et tu gambades avec ta tenue, amoureusement rangée das un sachet noir bien froissé. Oui parce que 4 millions, mais la bonne femme n'a meme pas pu te rendre ta tenue dans un ceintre, repassée, et avec un jolie emballage. Non.
- Ou bien dans 90% des cas : tu sors en pleurs avec au lieu d'un tailleur, un costume de Stromae, les strass en plus. Le Tissu il était formidable wela fort-minable ! Haa Ma outai ?! Ta sortie c'est le lendemain, et te voilà entrain de courir dans les boutiques pour un plan B. Merci qui ?! La Khiyata bien sûr !
Chose à ne jamais faire quand tu dois confier un travail à une khyata :
- Critiquer son boulot parce que de toute façon c'est elle la meilleure.
- Négocier les prix, parce qu'on sait toutes qu'un
Karakou ça coute un rein et une vésicule biliaire par la même occasion.
- Demander un devis, car elle va de toute façon te carotter w nti tedahki. Surtout si tu es une Aaroussa paniquée par un mariage qui a lieu dans J-134, la couturière va bien se frotter les mains.
- Demander des chutes de tissus, parce que même t'djibilha tout le rouleau elle te dira: mayekfich. Pour une jupe droite courte elle te demandera autant de mètres de tissu que pour un Sari. Donc les chutes de tissus pour faire une cravate à ton fils de 5 ans. Oublie !
- Dire la date exacte de l'occasion à laquelle tu veux porter la tenue qu'elle doit confectionner. Jamais !! Toujours avancer de quelques semaines, et encore ida wejdetha à temps.
Dernière tendance des Khiyatèttes qui croulent sous la demande : la Sous traitance. Tu lui donne ton tissu, tu te tues à lui expliquer le modèle que tu veux, mais elle ne te dit pas qu'elle va confier tout le boulot à un apprenti sans papier qui habite à l'autre bout de la ville, ou à sa nièce qui n'a pas eu son B.E.F et qui est punit. Et si par hasard, tu découvres la mascarade, elle te dira : " la ma3ajbekch l'hal choufi m3a wahdokhra".
Dans tous les cas el défaut fiha fiha. Donc le fil qui pendouille sur ton téton droit, tu fais abstraction, tes hanches qui vont exploser, tu supportes, la fermeture éclair bon marché qu'elle t'a mis, t'es sûr que tu vas la changer.
Et si t'es pas contente c'est elle qui chenef, et elle te réplique qu'elle fait de la Haute Hôte couture, hacha ssam3ine. Oui, elle reçoit bien ses convives, oui de la hôte couture, mais machi Haute. Et Prépare toi à trouver ton modèle chez toutes ses connaissances.
La couturière c'est l'épreuve la plus redoutée par les futures mariées. La Tassdira repose sur leurs épaules. il ne faut donc pas s'étonner du nombre de nanas qui achètent tout prêt dans un magasin. Au moins les 4 millions en Valent la peine, surtout avec en prime moins de takssir e'rass. Et le pire, c'est que la khiyata te demande souvent de t'inviter à ton mariage.
Et vous les filles, kech mésaventures avec les khiyattètes ?? Ilaykoum el Khate.